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Ce site défensif, classé monument historique depuis 1875, est situé sur la commune de Plédran (Côtes d’Armor). Dominant la vallée de l’Urne sur un plateau à 160 mètres d’altitude, il s’étend sur un hectare. C’est un camp fortifié de forme ovale avec des fossés et des remparts de pierres vitrifiées. Au fil des recherches, il a été qualifié de camp gaulois (oppidum), celte, romain, puis médiéval.
En 1982, à l’initiative de la Direction Régionale de la Culture et du Conseil Général des Côtes du Nord, est créée l’association « Les amis du camp de Péran » sous la direction de Jean-Louis Paute et Paula Giauffret. En 1987, l’association devient « Centre Archéologique de Péran » et continue de réunir les personnes intéressées par la mise en valeur du site jusqu’au milieu des années 2000. L’association est à l’origine des fouilles de 1983 à 1990.
Dès 1983, les fouilles archéologiques sont menées par Jean-Pierre Nicolardot, chercheur au CNRS. Elles révèlent que les vikings ont probablement séjourné dans le camp. Les pièces archéologiques découvertes permettent de situer leur présence aux environs de l’an 900 : chaudrons en fer, denier d’argent d’York, étriers, épées, pointes de lances, umbo de bouclier, bèche, ustensiles de cuisine en bois, restes de tissu de laine...
Concernant la vitrification des pierres, l’hypothèse retenue par M. Nicolardot est que le camp a été détruit par un violent incendie au Xe siècle. Il rapproche l’épisode des écrits médiévaux de la Chronique de Nantes. Selon ces-derniers, le prince breton Alain Barbetorte débarqua à Dol en 936, puis défit des troupes de « Normands » près de Saint-Brieuc, avant de se diriger vers Nantes, délivrant ainsi la Bretagne de l’emprise des vikings.
Une légende dit que le feu du camp brûla pendant sept ans. D’autres légendes racontent qu’un souterrain permettait de quitter secrètement le camp, ou qu’un trésor y aurait été enterré par les Templiers... Ce lieu exceptionnel est donc chargé d’histoires, vraies ou fausses. Le camp de Péran a été occupé à plusieurs époques : à la période gauloise (IIe siècle av. J.-C.), lors des incursions vikings à la fin du IXe siècle après J.-C., au XIIIe et au XIXe siècle.
En 1993, une exposition « Le camp de Péran » est conçue comme un centre d’interprétation. A partir des découvertes faites lors des fouilles archéologiques, l’exposition propose, grâce à de nombreux panneaux illustrés, un début d’explication historique sur l’occupation de camp. Sur le site lui-même, le samedi 4 mai 1996, trois panneaux explicatifs sont inaugurés. Ils sont toujours là en 2019, mais l’un d’eux, qui présentait une coupe du rempart, est illisible.
Certains objets découverts lors des fouilles sont conservés dans les réserves du musée de Saint-Brieuc ou du Service Régional de l’Archéologie. Depuis 2006, la médiathèque de Plédran présente chaque année de façon irrégulière l’exposition « Le camp de Péran » (de 1993) composée d’une douzaine de panneaux et des reproductions d’une hache et d’un chaudron.
En 2017, laissé un temps à l’abandon et en friche, le camp de Péran est débroussaillé. L’équipe de la médiathèque est prête à le valoriser différemment. Elle est consciente qu’il peut décevoir un public peu féru d’archéologie qui n’y voit qu’un champ entouré de talus. Elle décide alors de le faire vivre lors des Journées Européennes du Patrimoine des 15 et 16 septembre 2018. Et elle fait revenir les vikings, incarnés par la troupe de reconstitution historique des BerserkrS.